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30/05/2013

Running to New York : a novel written in 24 hours

Hi !

As you may know, I've been writing a novel in public in New York in 24 hours. I wrote it in French but a miracle happened and you may now read the English translation of the novel.

Enjoy !

 

29/05/2013

24h chrono : le roman en cours d'écriture, en direct de New York !

Et voici, ci-dessous, l'intégralité du roman en cours d'écriture dans le carde des 24h chrono, depuis New York

Pour en savoir plus sur cette aventure d'écriture, qui durera jusqu'au 30 mai à 16h, heure de NY, suivez-moi sur Twitter (@nicolasancion) ou suivez le mot-clef #24lit.

A très vite !

27/05/2013

24h chrono, chapitre 2 : le marathon de New York !

New York, écriture, Editions Didier, défi, marathon,Mondes en VF, Nicolas AncionEn mars 2010, j'avais eu le bonheur de m'enfermer pendant 24h à la Foire du Livre de Bruxelles pour y rédiger en direct un polar. Le marathon était lisible par tous sur Internet. Avant de me lancer dans ce défi, je ne savais pas si j'arriverais au bout du manuscrit. J'y suis parvenu et j'ai adoré ça.

 

Du coup, ce 29 mai, je remets ça : je vais tenter d'écrire en 24h sans dormir un roman policier. Le défi est de taille car, cette fois, le roman destiné à un lectorat bien précis : les lecteurs qui apprennent le français à travers le monde. Le roman paraîtra en effet à l'automne dans la collection Mondes en VF des éditions Didier FLE (là où vous pouvez déjà trouver "La cravate de Simenon".

 

Mais vous n'aurez pas à attendre jusque là pour découvrir le manuscrit. Dès la première minute d'écriture (comprenez par là dès 16h le 29 mai 2013, heure de New York) et jusqu'à la dernière (24 heure plus tard, vous l'avez deviné), vous pourrez lire en temps réel le texte que j'écris, en consultant cette page web : http://www.mondesenvf.fr/evenement.html. Je ne choisis pas ce qui est publié sur cette page : c'est du direct sans filtre. Vous lisez exactement la même chose que j'ai sous les yeux dans mon traitement de texte. Avec les errances et les fulgurances, les retours en arrière et les bonds en avant, selon la fatigue et l'humeur du moment.

 

Je sais que je commencerai l'écriture dans les bâtiments de l'Institut français de New York (jusqu'à ce que les gardiens de nuit ne m'expulsent), que je prolongerai alors l'écriture là où je trouverai du wifi (et du café, ce qui réduit les choix de hotspots) avant d'aboutir à l'aube dans le salon BookExpo America, où je courrai rédigerai la fin du roman jusqu'à 16h.

 

Que vais-je écrire ? Je n'en sais rien encore et c'est pour cela que je me lance dans l'aventure. J'ai l'impression que dans ce petit roman il y aura New York, Carcassonne, une course contre la montre et des vêtements fabriqués au Bengladesh. Pour le reste, rendez-vous dans quelques heures.

 

Si vous avez envie de suivre les péripéties, les étapes et les retournements, vous pouvez aussi vous connecter sur Twitter (@nicolasancion, donc) ou sur Facebook (plus beaucoup de place pour de nouveaux amis sur mon profil, mais tout ce que je publie est public, suffit donc de consulter et de commenter).

 

Une fois la rédaction terminée, le livre numérique sera téléchargeable en ligne gratuitement en version pdf et epub2 durant 15 jours (http://e-fractions.com/telechargements/nicolas-ancion/).

 

Les éditions E-fractions distribueront à New York et dans leur réseau de libraires et de médiathèques en France des cartes et clefs USB vers la page web où télécharger le texte.

 

Puis, dans quelques mois, après travail éditorial, le roman sortira dans la collection Mondes en VF des Editions Didier, dédiée aux littératures francophones en classe de Français langue étrangère (FLE).

 

Cet événement barré est rendu possible par le soutien de nombreux partenaires, que je cite avec toute ma reconnaissance :

  • La région Languedoc-Roussillon
  • L'Institut Français de New York
  • Le Conseil Général de l'Aude
  • Languedoc-Roussillon Livre et Lecture
  • Les éditions Didier

 

12/02/2013

Ernest, premier pape belge et héros d'un roman que je n'ai pas écrit

En octobre dernier, les éditions ONLiT BOOKS publiaient mon roman « Le pape a disparu » en version numérique. Ce n'était pas le premier avatar de ce texte. Les lecteurs très fidèles, dotés d'une excellente mémoire, se souviendront peut-être que j'avais publié ce roman, par épisodes hebdomadaires, sur le défunt site de Luc Pire Electronique, entre 2000 et 2002.

Pendant dix ans, le manuscrit a dormi dans le disque dur de mes différents ordinateurs. Et pour cause : je n'avais pas les droits de diffuser ce texte. En effet, je n'en suis pas l'auteur.

Voilà, c'est dit. Vous pouvez arrêter ici la lecture et retourner à vos occupations favorites.

 

Pourquoi et comment je n'ai pas écrit « Le pape a disparu »

Pendant mon adolescence, j'ai beaucoup lu. J'ai notamment dévoré de nombreuses aventures de Sylvie, hôtesse de l'air, publiée dans la collection Marabout Mademoiselle par le très prolifique René Philippe. Sylvie, hôtesse de l'air de profession, était une jeune fille un peu naïve mais très dynamique qui vivait des aventures mouvementées, qui n'avaient rien à envier à celles, plus musclées et exotiques, que vivait Bob Morane, son pendant masculin, chez le même éditeur. C'était la littérature pour ados des années 60, j'en ai hérité quinze ans plus tard et l'ai dévorée avec grand plaisir.

Quand je suis retombé, un peu par hasard, à la fois sur un stock de livres des aventures de Sylvie soldé dans une vente de bibliothèque ET sur un ordinateur équipé d'un scanner et d'un logiciel de reconnaissance optique, une idée a germé dans ma tête : pourquoi ne pas scanner tout le texte d'un roman de René Philippe et le réécrire. J'ai très vite choisi une des toutes premières aventures de l'hôtesse de l'air et je me suis mis au travail. D'emblée, l'idée de remplacer l'héroïne par un autre personnage s'est imposée. Et qui, mieux qu'Ernest 1er, pape belge un peu naïf, pour remplacer la jeune Sylvie ?

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Un héros peut en cacher une autre

Voilà comment je n'ai pas écrit « Le pape a disparu ». J'ai réécrit tout le texte en changeant le héros, en triturant l'histoire pour qu'elle puisse coller au rythme de vie du Souverain Pontife et à ses amours secrètes pour le cardinal Vertupoint. D'un roman pour jeunes filles catholiques, on aboutit à un roman délirant pour lecteurs numériques.

Il faut que je remercie très vivement ici les enfants de René Philippe, sur lesquels j'ai réussi à retomber grâce à des pages de fans consacrées aux éditions Marabout. Ils m'ont très gentiment autorisé à publier mes délires et se sont montrés ravis que les romans de leur père soient encore bien vivants dans l'imaginaire de certains lecteurs.

 

Un pape belge ?

La question d'actualité, évidemment, est de savoir si le prochain pape s'appellera Ernest ou non.
Vous voulez mon opinion à ce sujet ?

Je m'en fiche. J'écris de la fiction, si la réalité lui court après, tant mieux. Elle ne la rattrapera jamais car l'imaginaire a toujours deux ou trois longueurs d'avance.

 

Enfin, un petit résumé du roman, pour vous allécher

Toujours ardent, enthousiaste, prêt à se lancer dans les plus folles aventures, le premier pape belge, Ernest Ier, est un héros moderne et dynamique dont les aventures palpitantes font rêver bien des jeunes filles. Et bien des jeunes hommes… Cette fois, cependant, le Pape semble s'être laissé entraîner trop loin. Son attitude insolite inquiète ses amis et bouleverse son confident, le Cardinal Vertupoint. Le Pape se voit soupçonné d'hypocrisie et même surveillé par la police. Et brusquement, alors que tout semble rentrer dans l'ordre, surgit la catastrophe : le Pape a disparu !

Le Pape a disparu n'est pas un simple roman, c'est un dérapage contrôlé permanent qui relit et réinvente la littérature pour jeunes gens telle qu'on l'écrivait dans les années 50.

"Le pape est belge, il est jeune et c’est un mec sympa. Il accepte de transporter chaque semaine, entre la France et la Belgique, un médicament pour la mère de Mady. Un problème de douanes complique les soins de la pauvre malade. Et les douanes, le pape, vous pensez bien… Le pape est soupçonné de trafic de drogue, puis d’avoir vendu la mèche. Tout ce qu’il faut pour disparaître. Et réapparaître ensuite, après des aventures fantaisistes enlevées comme un court feuilleton." Pierre Maury - Le Soir

Là-dessus, je vous souhaite bonne lecture !

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18/10/2012

Avis de tempête numérique sur le livre à Montpellier

Flyer-Recto-10X15_web11.jpgCe samedi 20 octobre, à 14h45 très précises, j'aurai le plaisir de m'empoigner avec Thierry Crouzet sur le sujet le plus couru des salons littéraires (juste après les 50 nuances de grèset les ventes de Marc Musso) : l'avènement de la littérature numérique.

Cela se passera à la salle Pétrarque de Montpellier, dans le cadre très hype de la Zone d’Autonomie Littéraire organisée par la remuante revue Squeeze.

Comme nous sommes des gens organisés, polis et policés, nous avons même accepté de dévoiler un peu le sujet du débat : « Il s’agira de traiter des effets pervers possibles/probables du numérique sur la qualité littéraire et donc, par extension, d’en considérer également les aspects positifs et de donner quelques recettes de survie. L’auteur devient une sorte de héros tragique, luttant contre les vents contraires. »

Pour nous remettre de ces émotions, après l'affrontement, nous écrirons un peu en direct à partir de tableaux (ça détend toujours, surtout si les tableaux sont bien morts, sinon, il faut leur courir après et c'est fatigant) et nous signerons deux ou trois millions de livres aux foules massées. Ou nous écouterons du slam, des performances oratoires, des lectures détricotées et tout ce que l'on trouve, sans trop forcer, dans une vraie Zone d’Autonomie Littéraire.

Si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas : l'entrée est gratuite, les découvertes assurées et les rencontres spontanées.

A samedi, donc !

Le Show et le Froid dans Trends-Tendances

Ce n'est pas tous les jours qu'on est invité à rencontrer le Manager de l'année et à dialoguer avec lui de l'avenir de l'industrie dans l'Europe qui se vide de son travail et, plus particulièrement, de la fin de la phase à chaud chez ArcelorMittal.

C'est exactement ce que m'a proposé le magazine Trends-Tendances, à la sortie d'une des représentations de "L'homme qui valait 35 milliards" au Mamac de Liège par le Collectif Mensuel.

J'ai volontiers accepté.

Voici le début de l'article :

 PhotoTrends.jpgLe Show et le Froid

«Trends-Tendances» a invité deux Liégeois au théâtre pour les forcer au débat. A droite, François Fornieri, CEO de Mithra Pharmaceuticals et Manager de l’Année 2011. A gauche, Nicolas Ancion, romancier prolifique et auteur de «L’homme qui valait 35 milliards» qui vient d’être adapté au théâtre. Précision utile: l’intrigue met en scène l’enlèvement du magnat Lakshmi Mittal par un artiste déboussolé... (Frédéric Brébant)

Pari hautement réussi par la troupe Collectif Mensuel qui joue en ce moment au théâtre l’adaptation du roman L’homme qui valait 35 milliards du Belge Nicolas Ancion. Un roman «socio-économique»
qui ose l’enlèvement spectaculaire du grand patron de l’acier Lakshmi Mittal par un artiste au chômage et ses deux acolytes dont l’un vient justement d’apprendre son licenciement du géant ArcelorMittal en terre liégeoise.
Rarement une pièce de théâtre aura été en telle connexion avec l’actualité brûlante du secteur économique.
A l’heure où les Liégeois ont définitivement tiré un trait sur la phase à chaud de leur patrimoine sidérurgique et que la phase à froid semble toujours menacée, voilà que le Musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Liège accueille dans ses murs cette mise en scène audacieuse qui porte la réflexion sur le capitalisme et l’avenir des cités industrielles.
Evidemment, selon que l’on soit patron ou syndicaliste, l’approche d’un tel kidnapping théâtral sera analysée avec plus ou moins de «compréhension». Et c’est précisément pour susciter le débat que Trends-Tendancesa invité au théâtre deux personnalités liégeoises aux sensibilités forcément différentes : Nicolas Ancion, auteur du roman sulfureux qui a donné naissance à la pièce en question, et François Fornieri, patron de l’entreprise Mithra Pharmaceuticals et Manager de l’Année 2011. Réactions à chaud à la sortie du spectacle...

Pour lire la suite, c'est-à-dire le dialogue entre le Manager de l'année 2011 et votre humble serviteur rendez-vous chez votre libraire !

Et pour voir le spectacle à Liège jusqu'au 3 novembre, voici le calendrier !

25/06/2012

Achève-moi sur le bord de la route

Quand on écrit les premières lignes d'une histoire, on sait rarement comment elle va finir. On met les personnages en place, on leur jette deux ou trois bâtons dans les roues, puis on les regarde se débattre et s'en sortir tant bien que mal.

Lors de la première rencontre au Collège Pasteur de Lavelanet, j'ai proposé aux élèves d'inventer la suite d'une de mes nouvelles et de l'achever à leur manière.

Ils sont tous partis de la même situation : un personnage marche la nuit sur le bord d'une nationale, un bidon d'essence à la main. Il se dirige vers une station-service et pourtant son bidon n'est pas vide.

Que fait-il là ? Quel idée a-t-il en tête ? Comment s'est-il retrouvé dans pareille situation ?

Voilà quelques unes des questions auxquelles les élèves de Lavelanet ont répondu, à travers leurs histoires à rebondissements et à révélations. À vous de découvrir leur travail, à présent, si le cœur vous en dit. J'aime autant vous mettre en garde tout de suite : ces filles et ces garçons ne manquent pas d'imagination, vous vous embarquez pour un redoutable voyage !

Achève-moi sur la route.pdf

Atelier d'écriture, Lavelanet,

Bonnes lectures ! Vos commentaires sont les bienvenus sous cette note, surtout si vous avez envie de féliciter les auteurs en herbe...

SUITE : les textes écrits par les élèves ont été lâchés dans la nature à Lavelanet, notamment accrochés à des ballons gonflés à l'hélium. Voici la photo :

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PS : A la fin du recueil, vous pourrez aussi découvrir la fin de la nouvelle que j'avais imaginée de mon côté. Ce texte, ainsi que sept autres, servait de démarrage à un concours d'écriture intitulé Achève-moi. Pour plus d'infos, n'hésitez pas à visiter : www.achevemoi.be

PPS : les ateliers d'écriture et la rencontre ont eu lieu au printemps 2012 dans le cadre de l'opération "A l'école des écrivains" coordonnée par la Maison des Ecrivains. Plus d'infos ici !

20/06/2012

Qu'est-ce qu'un écrivain aujourd'hui ?

écriture, écrivain, définition, syndicat, professionnalisation, nicolas ancionJ'aurais voulu choisir pour ce billet un titre plus accrocheur, une phrase qui soit une affirmation plutôt qu'une question. Mais depuis des semaines, alors que l'idée d'écrire sur ce sujet surgit régulièrement au cours de mes ruminations, je me rends compte que chaque réponse que je peux apporter à cette question entraîne une nouvelle série d'interrogations. Par conséquent, la forme interrogative me semble convenir assez bien à ce billet un peu mal foutu.

 

À défaut de trouver un titre qui claque et une idée lumineuse qui bouscule toutes les autres, empoignons le sujet par un de ses bouts, un peu au hasard, celui-qui vient le plus spontanément à l'esprit.

 

Un écrivain est quelqu'un qui écrit.

 

Oui, cela va de soi. Mais cette réponse est si évidente qu'elle empêche de vraiment comprendre la question. Dans notre monde industrialisé où la scolarité est obligatoire, 80% des gens écrivent, ne fut-ce que la liste des commissions ou des textos par tombereaux entiers. Il faut écrire pour être écrivain, on est bien d'accord là-dessus mais suffit-il d'écrire ?

Prenons un peu de recul et sortons un moment de la littérature. Dirait-on d'un architecte que c'est quelqu'un qui dessine des maisons ? Oui, certainement, mais il ne suffit pas que je dessine les plans d'un cabanon à ériger dans le fond de mon jardin pour devenir architecte. Un architecte est quelqu'un qui dessine des maisons, professionnellement, pour des clients et qui en supervise la réalisation. Voilà qui est déjà plus complet. Je lis une différence essentielle avec la première proposition : l'architecte est un professionnel, ce qui ne l'empêche ni de dessiner des plans sans se faire payer, s'il en a envie, ni de concevoir un cabanon dans le fond de son jardin. Vous voyez où je veux en venir.

Allons-y pour une seconde tentative.

 

Un écrivain est quelqu'un qui écrit professionnellement.

 

J'entends déjà les cris de récrimination parmi les lecteurs de ce blog ! Vivre de l'écriture mais c'est (au choix:)

- de la prostitution (l'art est plus beau quand on le tient à l'écart des notions mercantiles, tout le monde sait ça)

- du boulot de mercenaire (quand on écrit sur commande, on met sa plume au service d'un projet, on se compromet fatalement, on détourne le contenu pour plaire aux commanditaires, aux lecteurs, aux généreux donateurs publics)

- de l'asservissement (écrire, c'est la liberté, vivre de l'écriture, c'est donc l'esclavage).

 

Chacune de ces objections mériterait une réponse détaillée. Vais-je prendre le temps de le faire ? Mais oui. Pourquoi pas ? Allez, c'est parti.

 

Première idée reçue à démolir : vivre de l'écriture est avilissant. Les œuvres produites par pur plaisir sont d'une qualité supérieure à celles produites contre rémunération.

Alors là, je me marre. Imaginez un instant le même genre de discours sur la peinture ou la réalisation de cinéma ? Kubrick aurait réalisé de meilleurs films en amateur et Van Gogh n'aurait peint que des croûtes s'il avait vécu dans le confort. Cela ne tient pas debout.

Un écrivain qui peut consacrer tout son temps à l'écriture atteint, ne serait-ce que par l'énergie et la concentration qu'il mobilise, un rapport avec son texte tout autre que celui qui s'y met le soir, après avoir bossé toute la journée, donné le bain aux enfants et préparé le repas... Je vois mal qui pourrait contester cela. Le fait qu'on le paie pour écrire – et si possible qu'on le paie bien – n'implique pas que son travail soit moins intéressant.

Entre nous, c'est la misère matérielle qui use pour de bon un artiste. Quand on angoisse parce qu'on ne sait pas ce qu'on va bouffer à la fin du mois, quand on a les huissiers au cul, on n'écrit pas. On boit, on fuit, on fume, on broie du noir avec un moulin à café, on cherche du boulot, de l'argent, n'importe quoi pour s'en sortir. Quand on est payé pour écrire, on peut y consacrer le meilleur de soi-même. C'est du moins ce que je pense. Payez-moi grassement et vous verrez que vous en aurez pour votre argent.

 

Deuxième idée reçue à massacrer : le travail de commande dévoie la vraie inspiration de l'artiste. Autant dire, si l'on reprend l'exemple de la peinture, qu'on peut bazarder tous les peintres jusqu'au XIXe siècle à peu près : difficile d'en trouve un seul qui n'ait pas bossé sur commande, à la demande des mécènes, sur des sujets imposés. Portraits d'aristocrates, scènes bibliques, décorations pour les nantis de toutes les époques. Que dire alors des architectes, dont le talent précisément, se déploie quand ils parviennent à la fois à respecter les contraintes qu'ils ne maîtrisent pas et à déployer leur créativité ? En écriture, pourquoi entretient-on depuis si longtemps (ceci dit, « longtemps », dans ce cas, ça ne fait que deux siècles) le mythe de l'inspiration spontanée, romantique, qui viendrait souffler l'idée originale à l'oreille du poète et du romancier ? J'ai ma petite idée là-dessus et j'y reviendrai.

 

Troisième idée reçue qui me fatigue : la vraie liberté c'est écrire sans contraintes. Quelle sinistre philosophie ! Si la liberté ne se loge que là où il n'y a pas de contraintes, autant dire qu'il n'y a pas beaucoup de liberté sur cette planète. La liberté, c'est tout simplement ne pas accepter de regarder les choses comme on nous propose de les voir. C'est ma définition, du moins, mais je l'aime beaucoup. La liberté, c'est fourrer de l'imaginaire là où le commun des mortels ne voit que la réalité toute terne. Je parle d'imaginaire, d'autres utiliseront le mot poésie, je pense pour ma part que la poésie n'est qu'une des formes de l'imaginaire (mais j'accorde bien volontiers le droit à qui le souhaite d'affirmer que l'inverse est tout aussi vrai, que la poésie englobe tous les imaginaires, et, dans la foulée, de l'appeler 'pataphysique s'il le souhaite).

Je peux être libre à tout moment, en tous lieux, si je parviens à trouver un moyen de respecter les règles mais autrement. De contourner les règles en les respectant. C'est tordu mais exaltant. J'aime faire cela, je pense que c'est ce que je fais quand on me demande d'écrire un texte sur mesure. Si ce que j'écris correspond au résultat que j'imaginais avant d'écrire, c'est que j'ai perdu mon temps. Si le texte final s'est aventuré là où je ne pensais jamais mettre les pieds, alors c'est que je suis passé du côté de la littérature.

 

Bon, je pourrais me défouler un peu plus en profondeur sur ces trois idées que j'entends sans cesse autour de moi, mais j'ai envie d'avancer sur la question de départ : un écrivain est quelqu'un qui écrit professionnellement.

 

Le paradoxe, c'est que l'écrivain n'est pas considéré comme un professionnel par la plupart des gens qu'il côtoie.

 

Par exemple, les éditeurs. Ces braves professionnels de la fabrication et de la vente de livres considèrent qu'ils doivent rémunérer professionnellement tout le monde dans a chaîne du livre, depuis le metteur en page, les correcteurs, les attachées de presse, le coursier, le personnel d'accueil au téléphone, le distributeur, ses représentants. Tout le monde... sauf l'auteur, qui ne touchera pas de rémunération en fonction de son travail mais suivant le succès du livre (qu'il ne vend pas, je le rappelle). Vendre des livres, c'est pourtant le travail de l'éditeur et du libraire, pas celui de l'auteur. L'auteur vend des textes à des éditeurs qui les transformeront en livres, notamment, mais aussi en version radiophonique ou théâtrale, par exemple, ou encore en livre numérique, en feuilleton dans la presse, etc. C'est du moins ce qui est convenu dans le contrat d'édition classique, de plus en plus raboté par les auteurs - qui signalent, à juste titre, que les éditeurs se contentent de faire des livres et rien de plus - et étendu par les éditeurs - qui se plaignent de ne plus gagner leur vie, sans noter au passage que les auteurs, eux, ne la gagnent plus depuis longtemps.

 

Mais bon nombre d'organisateurs de salons du livre et de colloques littéraires, eux aussi (alors que leur métier consiste justement à créer des événements autour des auteurs et des livres, qui sont leurs deux matières premières) considèrent qu'il n'est pas nécessaire de payer un auteur pour venir signer ou donner une conférence. Aux yeux de ces drôles d'organisateurs culturels, les auteurs sont toujours en tournée promotionnelle. Même si les écrivains sont de bonne volonté pour défendre les livres qu'on édite sur base de leurs textes, ils ne sont pas taillables et corvéables à merci. Ils ne sont pas payés pour écrire, pas payés pour promouvoir leur livre, ils ne sont pas payés pour...

Ils ne sont pas payés, voilà tout.

 

Et, pourtant, à mes yeux, un écrivain est bien quelqu'un qui vit de son écriture. Le défi est de taille et j'admire d'autant plus tous ceux et celles qui osent le relever.

 

Vivre de son écriture, cela implique de faire de l'écriture le centre de sa vie. Cela implique de trouver une solution inédite au problème de la rentrée des sous. Chacun invente sa formule : on peut être rentier et avoir tout le temps du monde devant soi, simplement un peu fortuné et dilapider petit à petit son avoir, ou, plus communément, fauché et bosser comme un chameau pour s'en sortir, en combinant, comme un bon cancérologue, tous les moyens à disposition pour atteindre son objectif.

 

C'est cette voie que j'ai choisie. Je l'assume.

 

Être écrivain, à mes yeux, c'est être chef de sa propre entreprise d'écriture. La maîtriser de bout en bout.


C'est non seulement écrire mais aussi calculer, investir, réfléchir, innover, pour éviter les fins de mois qui coincent et les pannes d'écriture, les idées répétitives et les formules toutes faites, les voies trop empruntées et les déserts de solitude.

 

J'adore mon métier, je le trouve d'autant plus passionnant que personne n'a de recette à me donner pour me guider.

 

Je suis juste un peu étonné d'entendre que certaines personne se prétendent « auteur » et avouent ne pas s'intéresser à leurs contrats ni aux enjeux du numérique, ne rien comprendre à la publication en ligne ou aux droits de traduction. « Tout ce qui m'intéresse, c'est l'écriture et mes lecteurs », entend-on parfois. Comme si un architecte avouait ne pas aimer superviser des chantiers ou un cinéaste ne pas s'intéresser à la production de ses films.

 

Ecrire, aujourd'hui est un métier qu'il faut assumer professionnellement : cela implique de négocier les contrats, de réfléchir aux rapports de force avec les éditeurs, de trouver, une fois de plus, des solutions inventives pour se sortir indemne et triomphant des contraintes imposées. Agir en professionnel avec des propositions alléchantes pour les lecteurs, les éditeurs et les libraires. Pour les lecteurs d'aujourd'hui et ceux de demain. La tâche est titanesque, c'est pour cela qu'elle est passionnante.

Un écrivain est plus que jamais un type qui écrit et qui, comme tout bon professionnel, regarde le futur bien en face avant de lui planter son stylo dans l'œil.


Sur ce, je retourne à mes cahiers et je vous embrasse sur les deux fesses.